[Cette copie d’un ancien article est ici à titre de référence. Je vous conseille de lire plutôt la version mise à jour.]
Il y a quelques jours, la livraison trimestrielle de Buildroot a rendu disponible une version 2015.11. J’ai voulu l’essayer en construisant un petit système pour Raspberry Pi 2. et partager cette expérience qui viendra ainsi en complément de mon article précédent. Buildroot permet de construire un système embarqué plus traditionnel qu’en utilisant une distribution pré-compilée, et d’ajuster plus finement son contenu.
Nous allons successivement préparer une chaîne de compilation croisée, construire un système minimal pour vérifier le bon fonctionnement de celle-ci puis générer un système configuré de façon plus personnalisée.
Environnement de travail
Commençons par créer une arborescence de travail qui contiendra tous nos fichiers personnalisés, les répertoires de construction, la chaîne de compilation, etc.
[~]$ mkdir br-tree [~]$ cd br-tree [br-tree]$
Au sein de cet environnement, nous allons essayer de respecter l’organisation des fichiers proposées par le projet Buildroot : une arborescence board/
contenant un sous-répertoire pour chaque carte que nous supporterons (ici le Raspberry Pi 2 uniquement). Tous nos fichiers personnalisés se trouveront dans cette sous-arborescence.
[br-tree]$ mkdir -p board/raspberrypi2/
Nous téléchargeons les sources de la dernière version de Buildroot, les décompressons et entrons dans ce répertoire :
[br-tree]$ wget http://www.buildroot.org/downloads/buildroot-2015.11.tar.bz2 [br-tree]$ tar xjf buildroot-2015.11.tar.bz2 [br-tree]$ cd buildroot-2015.11/
Toolchain
J’ai l’habitude de commencer mes projets embarqués par la construction d’une toolchain de compilation croisée. Il s’agit d’obtenir un compilateur – et tous les outils associés – fonctionnant sur la machine de développement (un PC par exemple) et produisant du code pour la plate-forme cible (ici le Raspberry Pi 2).
Il est tout à fait possible de se procurer une toolchain pré-compilée, mais je trouve qu’il est dommage de se priver de cette étape de construction, d’autant que cela nous permet de maîtriser exactement les versions de la bibliothèque C, du noyau, des outils, etc. que nous souhaitons.
Si j’isole cette étape de la production du système complet, c’est qu’elle prend un temps significatif (environ vingt minutes sur un PC portable moyen avec une connexion Internet ADSL correcte). La toolchain est donc compilée et installée une fois pour toutes, et ne sera plus modifiée même si nous réitérons autant de génération du système que nous le désirons.
J’ai l’habitude de placer la toolchain dans le répertoire board/<target>/cross
.
Pour produire la toolchain, nous demandons une configuration de Buildroot par défaut pour la cible choisie, et l’élaguons pour ne laisser que la production du compilateur et de ses outils :
[buildroot-2015.11]$ make raspberrypi2_defconfig [buildroot-2015.11]$ make menuconfig
Voici la liste des modifications apportées :
-
- Menu
Target options
: pas de changement, mais on peut en profiter pour observer et vérifier le support du processeur cible. - Menu
Build options
:-
Download dir
: nous extrayons de l’arborescence de Buildroot ce répertoire dans lequel il stocke les fichiers téléchargés. Ainsi les compilations successives ne nécessiterons pas de nouveaux téléchargements. Nouvelle valeur :$(TOPDIR)/../dl
Host dir
: l’emplacement où se trouvera la toolchain compilée. Comme indiqué plus haut, j’ai pour habitude de la placer dans le répertoireboard/<target>/cross
de notre arborescence de travail. Nouveau chemin :$(TOPDIR)/../board/raspberrypi2/cross
-
- Menu
-
- Menu
Toolchain
:C library
: c’est un choix qui dépend beaucoup du code métier. La bibliothèque C est un point-clé du système ; c’est elle qui permet d’entrer dans le noyau pour bénéficier de ses services (appels-système). Pour être le plus générique possible, nous choisissons la Gnu C library, un peu plus volumineuse que les autres, mais plus riche également. Nouvelle valeur :glibc
- Menu
-
- Menu
System configuration
:Init system
: cette option contient au préalableBusyBox
mais nous la désactivons pour pouvoir éliminer ce package. Nouvelle valeur :None
- Menu
-
- Menu
Kernel
:Linux Kernel
: nous ne voulons, dans un premier temps, produire que la toolchain et rien d’autre. Nous désactivons cette option. Nouvelle valeur :[ ]
- Menu
-
- Menu
Target packages
:BusyBox
: c’est le seul package initialement présent. Nous le désactivons. Nouvelle valeur :[ ]
- Menu
- Menu
Filesystem images
:tar the root filesystem
: inutile, nous ne voulons pas de filesystem pour le moment. Nouvelle valeur :[ ]
Sauvegardons la configuration et lançons la compilation :
[buildroot-2015.11]$ cp .config ../board/raspberrypi2/buildroot-01.cfg [buildroot-2015.11]$ make
Après quelques minutes, la compilation se termine avec ces lignes :
( \ echo "NAME=Buildroot"; \ echo "VERSION=2015.11"; \ echo "ID=buildroot"; \ echo "VERSION_ID=2015.11"; \ echo "PRETTY_NAME=\"Buildroot 2015.11\"" \ ) > /home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/output/target/etc/os-release
Attention, des messages alarmants apparaissent auparavant (des fichiers inexistants, un octet magique incorrect, etc.), c’est parfaitement normal puisque nous n’avons pas créé de système de fichiers.
Vérifions la toolchain produite :
[buildroot-2015.11]$ cd .. [br-tree]$ ls board/raspberrypi2/cross/usr/bin/ arm-buildroot-linux-gnueabihf-addr2line arm-linux-c++ arm-buildroot-linux-gnueabihf-ar arm-linux-c++.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-as arm-linux-cc arm-buildroot-linux-gnueabihf-c++ arm-linux-cc.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-c++.br_real arm-linux-c++filt arm-buildroot-linux-gnueabihf-cc arm-linux-cpp arm-buildroot-linux-gnueabihf-cc.br_real arm-linux-cpp.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-c++filt arm-linux-elfedit arm-buildroot-linux-gnueabihf-cpp arm-linux-g++ arm-buildroot-linux-gnueabihf-cpp.br_real arm-linux-g++.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-elfedit arm-linux-gcc arm-buildroot-linux-gnueabihf-g++ arm-linux-gcc-4.9.3 arm-buildroot-linux-gnueabihf-g++.br_real arm-linux-gcc-4.9.3.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc arm-linux-gcc-ar arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc-4.9.3 arm-linux-gcc.br_real arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc-4.9.3.br_real arm-linux-gcc-nm arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc-ar arm-linux-gcc-ranlib arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc.br_real arm-linux-gcov arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc-nm arm-linux-gprof arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcc-ranlib arm-linux-ld arm-buildroot-linux-gnueabihf-gcov arm-linux-ld.bfd arm-buildroot-linux-gnueabihf-gprof arm-linux-nm arm-buildroot-linux-gnueabihf-ld arm-linux-objcopy arm-buildroot-linux-gnueabihf-ld.bfd arm-linux-objdump arm-buildroot-linux-gnueabihf-nm arm-linux-ranlib arm-buildroot-linux-gnueabihf-objcopy arm-linux-readelf arm-buildroot-linux-gnueabihf-objdump arm-linux-size arm-buildroot-linux-gnueabihf-ranlib arm-linux-strings arm-buildroot-linux-gnueabihf-readelf arm-linux-strip arm-buildroot-linux-gnueabihf-size gawk arm-buildroot-linux-gnueabihf-strings igawk arm-buildroot-linux-gnueabihf-strip m4 arm-linux-addr2line mkknlimg arm-linux-ar toolchain-wrapper arm-linux-as [br-tree]$
La toolchain de cross-compilation regroupe tous les outils dont les noms sont préfixés par l’architecture (arm
), l’outil de production (buildroot
), le système d’exploitation de la cible (linux
) et les conventions d’interfaçage binaire entre applications et système (gnueabi
). Pour simplifier l’appel des outils, des liens symboliques existent raccourcissant le préfixe à l’architecture et le système d’exploitation. On invoquera donc arm-linux-gcc
ou arm-linux-g++
par exemple.
[br-tree]$ board/raspberrypi2/cross/usr/bin/arm-linux-gcc -v Utilisation des specs internes. COLLECT_GCC=/home/cpb/br-tree/board/raspberrypi2/cross/usr/bin/arm-linux-gcc.br_real COLLECT_LTO_WRAPPER=/home/cpb/br-tree/board/raspberrypi2/cross/usr/bin/../libexec/gcc/arm-buildroot-linux-gnueabihf/4.9.3/lto-wrapper Target: arm-buildroot-linux-gnueabihf Configuré avec: ./configure --prefix=/home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//usr --sysconfdir=/home/cpb/br- tree/buildroot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//etc --enable-static --target=arm-buildroot-linux-gnueabihf --with-sysroot=/home/ cpb/br-tree/buildroot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//usr/arm-buildroot-linux-gnueabihf/sysroot --disable-__cxa_atexit --with-g nu-ld --disable-libssp --disable-multilib --with-gmp=/home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//usr --with-mpf r=/home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//usr --with-pkgversion='Buildroot 2015.11' --with-bugurl=http://bu gs.buildroot.net/ --disable-libquadmath --enable-tls --disable-libmudflap --enable-threads --with-mpc=/home/cpb/br-tree/buildroot-20 15.11/../board/raspberrypi2/cross//usr --without-isl --without-cloog --disable-decimal-float --with-abi=aapcs-linux --with-cpu=corte x-a7 --with-fpu=neon-vfpv4 --with-float=hard --with-mode=arm --enable-languages=c,c++ --with-build-time-tools=/home/cpb/br-tree/buil droot-2015.11/../board/raspberrypi2/cross//usr/arm-buildroot-linux-gnueabihf/bin --enable-shared --disable-libgomp Modèle de thread: posix gcc version 4.9.3 (Buildroot 2015.11)
Si l’on souhaite pouvoir invoquer directement le cross-compiler depuis la ligne de commande sans préciser tout le chemin (par exemple pendant une phase de développement de code métier hors Buildroot), on peut éditer le fichier ~/.bashrc
afin d’y ajouter à la fin la ligne suivante :
PATH=$PATH:~/br-tree/board/raspberrypi2/cross/usr/bin/
Système complet
Nous allons construire à présent une image d’un système complet, y compris le noyau, en utilisant la toolchain obtenue précédemment. Il nous faut effacer les fichiers objets, fichiers temporaires, etc. produits auparavant et l’on serait tenté de faire un make clean
. Abstenons-nous en néanmoins car cela aurait pour effet d’effacer la toolchain compilée. La solution la plus simple pour éviter les erreurs de manipulation est de supprimer le répertoire de compilation de Buildroot et de décompresser à nouveau l’archive téléchargée.
[buildroot-2015.11]$ cd .. [br-tree]$ rm -rf buildroot-2015.11 [br-tree]$ tar xjf buildroot-2015.11.tar.bz2 [br-tree]$ cd buildroot-2015.11
Puis nous préparons une nouvelle configuration, toujours, en partant de celle par défaut.
[buildroot-2015.11]$ make raspberrypi2_defconfig [buildroot-2015.11]$ make menuconfig
Passons en revue les menus pour observer ce qu’il faut modifier :
-
Target options
: rien à changerBuild options
:Download dir
: configurons le répertoire de téléchargement pour retrouver le précédent. Nouvelle valeur :$(TOPDIR)/../dl
-
Toolchain
: plusieurs modifications sont nécessaires pour retrouver la toolchain précédente.Toolchain type
: nous souhaitons que Buildroot considère la toolchain comme préexistante, même si c’est lui qui l’a créée auparavant. Nouvelle valeur :External toolchain
Toolchain
: elle a été compilée spécifiquement. Nouvelle valeur :Custom toolchain
Toolchain origin
: il n’est pas nécessaire de la télécharger. Valeur conservée :Pre-installed toolchain
Toolchain path
: le répertoire dans lequel se trouve le sous-répertoirebin
de la chaîne de compilation. Nouvelle valeur :$(TOPDIR)/../board/rapsberrypi2/cross/usr
External toolchain gcc version
: si vous n’avez pas noté ce numéro de version lors de la configuration de la toolchain, vous pouvez l’obtenir en appelantarm-linux-gcc -v
comme ci-dessus. Nouvelle valeur :4.9.x
External toolchain kernel headers series
: on peut retrouver le numéro de version si on ne l’a pas noté, mais c’est plus compliqué. Il faut regarder le contenu du fichier../board/raspberrypi2/cross/usr/arm-buildroot-linux-gnueabihf/sysroot/usr/include/linux/version.h
. On y trouve une valeurLINUX_VERSION_CODE 262405
. Il faut convertir ce nombre en hexadécimal, par exemple en saisissant sur la ligne de commande du shellprintf '%x\n' 262405
. Ceci nous affiche40105
qui représente le numéro de noyau 4.1.5. Nouvelle valeur :4.1.x
External toolchain C library
: en tant que bibliothèque C, nous avons choisi de compiler une GlibC. Nouvelle valeur :glibc/eglibc
Toolchain has C++ support
: cette option était activée par défaut lors de la compilation précédente. Nouvelle valeur :[*]
System Configuration
: pour l’instant nous ne changeons pratiquement rien dans ce menu, mais nous l’ajusterons un peu plus tard.[*] Run a getty (login prompt) after boot --->
: Je préfère me connecter au Raspberry Pi 2 en utilisant la console série (comme sur la plupart des systèmes embarqués que je configure) plutôt que l’écran HDMI et le clavier USB. Je modifie en conséquence le paramètre suivant :TTY port
: j’indique le port série du Raspberry Pi 2. Nouvelle valeur :ttyAMA0
Kernel
: rien à changerTarget packages
: rien à changerFilesystem images
: rien à changerBootloaders
: rien à changerHost utilities
: rien à changerLegacy config options
: rien à changer
À nouveau, sauvegardons notre configuration pour pouvoir la réutiliser directement si besoin et lançons la compilation.
[buildroot-2015.11]$ cp .config ../board/raspberrypi2/buildroot-02.cfg [buildroot-2015.11]$ make
La compilation se termine au bout de quelques minutes sur un message plutôt surprenant…
/br-tree/buildroot-2015.11/output/build/_fakeroot.fs rootdir=/home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/output/target table='/home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/output/build/_device_table.txt' /usr/bin/install -m 0644 support/misc/target-dir-warning.txt /home/cpb/br-tree/buildroot-2015.11/output/ta rget/THIS_IS_NOT_YOUR_ROOT_FILESYSTEM [buildroot-2015.11]
Mais que signifie donc ce THIS_IS_NOT_YOUR_ROOT_FILESYSTEM ?
Il s’agit en fait d’un nom de fichier, très anodin. Lorsque Buildroot prépare l’arborescence de la cible, il construit une représentation de son système de fichiers, qui se trouve dans output/target
. Ces fichiers sont créés en appartenant à l’utilisateur courant. Or les fichiers systèmes (ceux se trouvant dans les répertoires /bin
, /etc
, /usr
… de la cible) doivent appartenir à root. Pour pouvoir produire une image (une archive tar
par exemple) avec les bonnes appartenances, on fait appel à un utilitaire nommé fakeroot
qui modifie les droits au moment de la création de l’archive. Pas d’inquiétude, il n’y a rien de malicieux là-dessous, aucun problème de sécurité.
Comme le répertoire output/target
contient des fichiers n’ayant pas la bonne appartenance, il ne faut pas l’utiliser aveuglément, ne pas le copier directement sur une cible où l’exporter pour un montage NFS root. C’est ce que Buildroot nous rappelle en créant ce fameux fichier :
[buildroot-2015.11]$ ls output/target/ bin lib media proc sbin tmp dev lib32 mnt root sys usr etc linuxrc opt run THIS_IS_NOT_YOUR_ROOT_FILESYSTEM var [buildroot-2015.11]$
Installation et boot
Insérons une carte micro-SD sur le poste de développement (par exemple avec un adaptateur USB). On recherche alors le nom du périphérique bloc qu’elle représente.
[buildroot-2015.11]$ dmesg | tail [21924.805390] sd 5:0:0:0: [sdc] No Caching mode page found [21924.805395] sd 5:0:0:0: [sdc] Assuming drive cache: write through [21924.805400] sd 5:0:0:0: [sdc] Attached SCSI removable disk [21926.017065] EXT4-fs (sdc2): recovery complete [21926.020278] EXT4-fs (sdc2): mounted filesystem with ordered data mode. Opts: (null)
Dans cet exemple, il s’agit du périphérique sdc
, c’est ce que nous utiliserons ci-dessous.
Attention à ne pas vous tromper d’identifiant de périphérique ! cela pourrait être dangereux pour votre système si vous confondez avec votre disque dur par exemple.
Je démonte les partitions auto-montées de la carte micro-SD et j’efface complètement ses premiers secteurs.
[buildroot-2015.11]$ umount /dev/sdc? [buildroot-2015.11]$ sudo dd if=/dev/zero of=/dev/sdc bs=1M count=16 16+0 enregistrements lus 16+0 enregistrements écrits 16777216 octets (17 MB) copiés, 3,82191 s, 4,4 MB/s
Partitionnons la carte pour obtenir :
-
- Une première partition bootable au format Dos Vfat : ici j’ai choisi une taille de 128 Mo pour pouvoir faire des expériences avec des noyaux supplémentaires, U-boot, etc. En réalité une partition de 16 Mo suffira largement.
- Une seconde partition au format Linux s’étendant sur le reste de la carte micro-SD.
[buildroot-2015.11]$ sudo fdisk /dev/sdc [...] Commande (m pour l'aide) : n Partition type: p primary (0 primary, 0 extended, 4 free) e extended Select (default p):(Entrée) Numéro de partition (1-4, 1 par défaut) : (Entrée) Premier secteur (2048-7741439, 2048 par défaut) : (Entrée) Dernier secteur, +secteurs ou +taille{K,M,G} (2048-7741439, 7741439 par défaut) : +128M Commande (m pour l'aide) : t Partition sélectionnée 1 Code Hexa (taper L pour lister les codes): c Type système de partition modifié de 1 à c (W95 FAT32 (LBA)) Commande (m pour l'aide) : n Partition type: p primary (1 primary, 0 extended, 3 free) e extended Select (default p): (Entrée) Numéro de partition (1-4, 2 par défaut) : (Entrée) Premier secteur (264192-7741439, 264192 par défaut) : (Entrée) Dernier secteur, +secteurs ou +taille{K,M,G} (264192-7741439, 7741439 par défaut) : (Entrée) Commande (m pour l'aide) : a Numéro de partition (1-4): 1 Commande (m pour l'aide) : p [...] Périphérique Amorçage Début Fin Blocs Id. Système /dev/sdc1 * 2048 264191 131072 c W95 FAT32 (LBA) /dev/sdc2 264192 7741439 3738624 83 Linux Commande (m pour l'aide) : w [...] [buildroot-2015.11]$
Nous formatons les deux partitions, l’une au format vfat
(le seul format connu par le firmware du Raspberry Pi 2 qui doit charger en mémoire le bootloader), la seconde au format classique Linux ext2
. L’absence de journalisation des données dans ce format permet de limiter l’usure des cartes flash en évitant les écritures supplémentaires. Je nomme classiquement mes partitions BOOT
et ROOT
afin de les identifier aisément.
[buildroot-2015.11]$ sudo mkfs.vfat -n BOOT /dev/sdc1 [buildroot-2015.11]$ sudo mkfs.ext2 -L ROOT /dev/sdc2
Extrayons à présent la carte micro-SD et réinsérons-la afin que l’auto-monteur nous donne un accès immédiat aux partitions.
Tous les éléments produits par Buildroot se trouvent dans son arborescence output/
. Je m’intéresse en particulier à output/images/
qui contient les éléments à installer sur le système cible.
Nous allons copier sur la première partition :
-
- les fichiers du bootloader du Raspberry Pi 2, précompilés et propriétaires, que Buildroot à téléchargés et copiés dans
output/images/rpi-firmware
;
- les fichiers du bootloader du Raspberry Pi 2, précompilés et propriétaires, que Buildroot à téléchargés et copiés dans
-
- le fichier
dtb
(Device Tree Blob) qui contient la description du matériel permettant l’utilisation d’un noyau générique.
- le fichier
- le noyau
zImage
, que nous ne copions pas directement mais installons par l’intermédiaire de l’utilitairemkknlimg
qui lui ajoute un suffixe indiquant qu’il contient le support du Device Tree.
[buildroot-2015.11]$ ls output/images/ bcm2709-rpi-2-b.dtb rootfs.tar rpi-firmware zImage [buildroot-2015.11]$ sudo cp output/images/bcm2709-rpi-2-b.dtb /media/cpb/BOOT/ [buildroot-2015.11]$ sudo cp output/images/rpi-firmware/* /media/cpb/BOOT/ [buildroot-2015.11]$ sudo ./output/host/usr/bin/mkknlimg output/images/zImage /media/cpb/BOOT/zImage Version: Linux version 4.1.5-v7 (cpb@Logilin) (gcc version 4.9.3 (Buildroot 2015.11) ) #1 SMP PREEMPT Wed Dec 2 13:38:15 CET 2015 DT: y DDT: n 283x: n
Pour voir les traces de boot du noyau sur le port série du Raspberry Pi 2, nous éditons le fichier cmdline.txt
se trouvant dans la partition BOOT, et ajoutons sur la première ligne (attention, il ne doit y avoir qu’une seule ligne dans ce fichier) la chaîne de caractères suivante console=ttyAMA0,115200
.
Sur la seconde partition, nous décompressons toute l’archive tar
produite par Buildroot. Pour que les appartenances des fichiers soient correctement respectées, il est nécessaire de le faire avec les droits root. Ensuite nous démontons proprement les deux partitions.
[buildroot-2015.11]$ sudo tar xf output/images/rootfs.tar -C /media/cpb/ROOT/ [buildroot-2015.11]$ umount /media/cpb/*
J’insère la carte micro-SD sur un Raspberry Pi 2 auquel je suis relié par une liaison série, et j’observe les messages suivants à la mise sous tension.
Uncompressing Linux... done, booting the kernel. [ 0.832142] Switched to clocksource arch_sys_counter [ 0.888108] FS-Cache: Loaded [ 0.891365] CacheFiles: Loaded [ 0.906112] NET: Registered protocol family 2 [ 0.911787] TCP established hash table entries: 8192 (order: 3, 32768 bytes) [ 0.919008] TCP bind hash table entries: 8192 (order: 4, 65536 bytes) [ 0.925674] TCP: Hash tables configured (established 8192 bind 8192) [ 0.932165] UDP hash table entries: 512 (order: 2, 16384 bytes) [ 0.938130] UDP-Lite hash table entries: 512 (order: 2, 16384 bytes) [ 0.944853] NET: Registered protocol family 1 [ 0.949645] RPC: Registered named UNIX socket transport module. [ 0.955646] RPC: Registered udp transport module. [ 0.960346] RPC: Registered tcp transport module. [ 0.965063] RPC: Registered tcp NFSv4.1 backchannel transport module. [ 0.972612] hw perfevents: enabled with armv7_cortex_a7 PMU driver, 5 counters available [ 0.982104] futex hash table entries: 1024 (order: 4, 65536 bytes) [ 1.004416] VFS: Disk quotas dquot_6.6.0 [ 1.008720] VFS: Dquot-cache hash table entries: 1024 (order 0, 4096 bytes) [ 1.018425] FS-Cache: Netfs 'nfs' registered for caching [ 1.024905] NFS: Registering the id_resolver key type [ 1.030011] Key type id_resolver registered [ 1.034264] Key type id_legacy registered [ 1.041110] Block layer SCSI generic (bsg) driver version 0.4 loaded (major 252) [ 1.048794] io scheduler noop registered [ 1.052810] io scheduler deadline registered [ 1.057414] io scheduler cfq registered (default) [ 1.064669] BCM2708FB: allocated DMA memory f8800000 [ 1.069667] BCM2708FB: allocated DMA channel 0 @ f3007000 [ 1.081887] Console: switching to colour frame buffer device 90x30 [ 1.092405] Serial: 8250/16550 driver, 0 ports, IRQ sharing disabled [ 1.099985] vc-cma: Videocore CMA driver [ 1.103939] vc-cma: vc_cma_base = 0x00000000 [ 1.108636] vc-cma: vc_cma_size = 0x00000000 (0 MiB) [ 1.114048] vc-cma: vc_cma_initial = 0x00000000 (0 MiB) [ 1.119688] vc-mem: phys_addr:0x00000000 mem_base=0x3dc00000 mem_size:0x3f000000(1008 MiB) [ 1.143850] brd: module loaded [ 1.156001] loop: module loaded [ 1.160180] vchiq: vchiq_init_state: slot_zero = 0xb8880000, is_master = 0 [ 1.168931] Loading iSCSI transport class v2.0-870. [ 1.174819] usbcore: registered new interface driver smsc95xx [ 1.180646] dwc_otg: version 3.00a 10-AUG-2012 (platform bus) [ 1.386775] Core Release: 2.80a [ 1.389922] Setting default values for core params [ 1.394786] Finished setting default values for core params [ 1.600754] Using Buffer DMA mode [ 1.604091] Periodic Transfer Interrupt Enhancement - disabled [ 1.609915] Multiprocessor Interrupt Enhancement - disabled [ 1.615500] OTG VER PARAM: 0, OTG VER FLAG: 0 [ 1.619856] Dedicated Tx FIFOs mode [ 1.623734] WARN::dwc_otg_hcd_init:1047: FIQ DMA bounce buffers: virt = 0xb8814000 dma = 0xf8814000 len=9024 [ 1.633612] FIQ FSM acceleration enabled for : [ 1.633612] Non-periodic Split Transactions [ 1.633612] Periodic Split Transactions [ 1.633612] High-Speed Isochronous Endpoints [ 1.650386] WARN::hcd_init_fiq:412: FIQ on core 1 at 0x80413218 [ 1.656305] WARN::hcd_init_fiq:413: FIQ ASM at 0x80413588 length 36 [ 1.662569] WARN::hcd_init_fiq:438: MPHI regs_base at 0xb909a000 [ 1.668603] dwc_otg 3f980000.usb: DWC OTG Controller [ 1.673680] dwc_otg 3f980000.usb: new USB bus registered, assigned bus number 1 [ 1.681016] dwc_otg 3f980000.usb: irq 32, io mem 0x00000000 [ 1.686653] Init: Port Power? op_state=1 [ 1.690569] Init: Power Port (0) [ 1.694101] usb usb1: New USB device found, idVendor=1d6b, idProduct=0002 [ 1.700890] usb usb1: New USB device strings: Mfr=3, Product=2, SerialNumber=1 [ 1.708137] usb usb1: Product: DWC OTG Controller [ 1.712863] usb usb1: Manufacturer: Linux 4.1.5-v7 dwc_otg_hcd [ 1.718692] usb usb1: SerialNumber: 3f980000.usb [ 1.724204] hub 1-0:1.0: USB hub found [ 1.728005] hub 1-0:1.0: 1 port detected [ 1.732954] usbcore: registered new interface driver usb-storage [ 1.739227] mousedev: PS/2 mouse device common for all mice [ 1.745700] bcm2835-cpufreq: min=600000 max=900000 [ 1.750865] sdhci: Secure Digital Host Controller Interface driver [ 1.757068] sdhci: Copyright(c) Pierre Ossman [ 1.761869] mmc-bcm2835 3f300000.mmc: mmc_debug:0 mmc_debug2:0 [ 1.767728] mmc-bcm2835 3f300000.mmc: DMA channels allocated [ 1.812493] sdhci-pltfm: SDHCI platform and OF driver helper [ 1.824209] ledtrig-cpu: registered to indicate activity on CPUs [ 1.830499] hidraw: raw HID events driver (C) Jiri Kosina [ 1.837286] usbcore: registered new interface driver usbhid [ 1.843977] usbhid: USB HID core driver [ 1.849291] Initializing XFRM netlink socket [ 1.853703] NET: Registered protocol family 17 [ 1.861673] Key type dns_resolver registered [ 1.866448] Registering SWP/SWPB emulation handler [ 1.872248] registered taskstats version 1 [ 1.876594] vc-sm: Videocore shared memory driver [ 1.881301] [vc_sm_connected_init]: start [ 1.886168] [vc_sm_connected_init]: end - returning 0 [ 1.892592] uart-pl011 3f201000.uart: no DMA platform data [ 1.898409] Waiting for root device /dev/mmcblk0p2... [ 1.903640] mmc0: host does not support reading read-only switch, assuming write-enable [ 1.913753] mmc0: new high speed SDHC card at address b368 [ 1.919832] mmcblk0: mmc0:b368 SMI 3.69 GiB [ 1.924456] Indeed it is in host mode hprt0 = 00021501 [ 1.942943] mmcblk0: p1 p2 [ 2.013559] EXT4-fs (mmcblk0p2): couldn't mount as ext3 due to feature incompatibilities [ 2.022462] EXT4-fs (mmcblk0p2): mounting ext2 file system using the ext4 subsystem [ 2.042841] EXT4-fs (mmcblk0p2): mounted filesystem without journal. Opts: (null) [ 2.050390] VFS: Mounted root (ext2 filesystem) readonly on device 179:2. [ 2.065487] devtmpfs: mounted [ 2.069355] Freeing unused kernel memory: 424K (80788000 - 807f2000) [ 2.102224] usb 1-1: new high-speed USB device number 2 using dwc_otg [ 2.108947] Indeed it is in host mode hprt0 = 00001101 [ 2.297336] EXT4-fs (mmcblk0p2): warning: mounting unchecked fs, running e2fsck is recommended [ 2.312601] usb 1-1: New USB device found, idVendor=0424, idProduct=9514 [ 2.319306] usb 1-1: New USB device strings: Mfr=0, Product=0, SerialNumber=0 [ 2.327381] hub 1-1:1.0: USB hub found [ 2.331252] hub 1-1:1.0: 5 ports detected [ 2.368084] EXT4-fs (mmcblk0p2): re-mounted. Opts: (null) Starting logging: OK Initializing random number generator... [ 2.505165] random: dd urandom read with 59 bits of entropy available done. Starting network... [ 2.612233] usb 1-1.1: new high-speed USB device number 3 using dwc_otg Welcome to Buildroot buildroot login: [ 2.732562] usb 1-1.1: New USB device found, idVendor=0424, idProduct=ec00 [ 2.739446] usb 1-1.1: New USB device strings: Mfr=0, Product=0, SerialNumber=0 [ 2.750075] smsc95xx v1.0.4 [ 2.816413] smsc95xx 1-1.1:1.0 eth0: register 'smsc95xx' at usb-3f980000.usb-1.1, smsc95xx USB 2.0 Ethernet, b8:27:eb:ff:aa:a8
En fait, le boot du noyau est bien terminé. Il a déjà affiché un message de bienvenue et une invite de connexion. Néanmoins le contrôleur USB a mis du temps à démarrer et de nouvelles traces ont été affichées, masquant la réussite du démarrage. Il faut appuyer sur Entrée pour que le système nous ré-affiche son prompt de connexion.
Welcome to Buildroot buildroot login: root # uname -a Linux buildroot 4.1.5-v7 #1 SMP PREEMPT Wed Dec 2 13:38:15 CET 2015 armv7l GNU/Linux
Le noyau correspondant bien à la version indiquée plus haut. Vérifions le processeur du Raspberry Pi2.
# cat /proc/cpuinfo processor : 0 model name : ARMv7 Processor rev 5 (v7l) BogoMIPS : 38.40 Features : half thumb fastmult vfp edsp neon vfpv3 tls vfpv4 idiva idivt vfpd32 lpae evtstrm CPU implementer : 0x41 CPU architecture: 7 CPU variant : 0x0 CPU part : 0xc07 CPU revision : 5 processor : 1 model name : ARMv7 Processor rev 5 (v7l) BogoMIPS : 38.40 Features : half thumb fastmult vfp edsp neon vfpv3 tls vfpv4 idiva idivt vfpd32 lpae evtstrm CPU implementer : 0x41 CPU architecture: 7 CPU variant : 0x0 CPU part : 0xc07 CPU revision : 5 processor : 2 model name : ARMv7 Processor rev 5 (v7l) BogoMIPS : 38.40 Features : half thumb fastmult vfp edsp neon vfpv3 tls vfpv4 idiva idivt vfpd32 lpae evtstrm CPU implementer : 0x41 CPU architecture: 7 CPU variant : 0x0 CPU part : 0xc07 CPU revision : 5 processor : 3 model name : ARMv7 Processor rev 5 (v7l) BogoMIPS : 38.40 Features : half thumb fastmult vfp edsp neon vfpv3 tls vfpv4 idiva idivt vfpd32 lpae evtstrm CPU implementer : 0x41 CPU architecture: 7 CPU variant : 0x0 CPU part : 0xc07 CPU revision : 5 Hardware : BCM2709 Revision : a01041 Serial : 00000000f0ff000 #
Nous avons bien observé les quatre cœurs de processeur du Raspberry Pi 2. Examinons l’état de la mémoire :
# free total used free shared buffers cached Mem: 911512 18156 893356 40 1948 2128 -/+ buffers/cache: 14080 897432 Swap: 0 0 0
Le système compte au total un Go (dont une partie est réservée pour le contrôleur graphique) et dispose de 897 Mo de mémoire libre. En pressant deux fois la touche tabulation, nous pouvons voir la liste des commandes disponibles :
# (tab) (tab) [ flock lzcat sha256sum [[ fold lzma sha3sum addgroup free makedevs sha512sum adduser freeramdisk md5sum sleep ar fsck mdev sort arp fstrim mesg start-stop-daemon arping fuser microcom strings ash getopt mkdir stty awk getty mkfifo su basename grep mknod sulogin blkid gunzip mkswap swapoff bunzip2 gzip mktemp swapon busybox halt modprobe switch_root bzcat hdparm more sync cat head mount sysctl catv hexdump mountpoint syslogd chattr hostid mt tail chgrp hostname mv tar chmod hwclock nameif tee chown i2cdetect netstat telnet chroot i2cdump nice test chrt i2cget nohup tftp chvt i2cset nslookup time cksum id od top clear ifconfig openvt touch cmp ifdown passwd tr cp ifup patch traceroute cpio inetd pidof true crond init ping truncate crontab insmod pipe_progress tty cut install pivot_root udhcpc date ip poweroff uevent dc ipaddr printenv umount dd ipcrm printf uname deallocvt ipcs ps uniq delgroup iplink pwd unix2dos deluser iproute rdate unlink devmem iprule readlink unlzma df iptunnel readprofile unxz diff kill realpath unzip dirname killall reboot uptime dmesg killall5 renice usleep dnsd klogd reset uudecode dnsdomainname last resize uuencode dos2unix less rm vconfig du linux32 rmdir vi dumpkmap linux64 rmmod vlock echo ln route watch egrep loadfont run-parts watchdog eject loadkmap runlevel wc env logger sed wget ether-wake login seq which expr logname setarch who false losetup setconsole whoami fbset ls setkeycodes xargs fdflush lsattr setlogcons xz fdformat lsmod setserial xzcat fdisk lsof setsid yes fgrep lspci sh zcat find lsusb sha1sum #
La commande ps
nous affiche la liste des processus présents :
# ps PID USER COMMAND 1 root init 2 root [kthreadd] 3 root [ksoftirqd/0] 4 root [kworker/0:0] 5 root [kworker/0:0H] 6 root [kworker/u8:0] 7 root [rcu_preempt] 8 root [rcu_sched] 9 root [rcu_bh] 10 root [migration/0] 11 root [migration/1] 12 root [ksoftirqd/1] 14 root [kworker/1:0H] 15 root [migration/2] 16 root [ksoftirqd/2] 17 root [kworker/2:0] 18 root [kworker/2:0H] 19 root [migration/3] 20 root [ksoftirqd/3] 21 root [kworker/3:0] 22 root [kworker/3:0H] 23 root [khelper] 24 root [kdevtmpfs] 25 root [netns] 26 root [perf] 27 root [khungtaskd] 28 root [writeback] 29 root [crypto] 30 root [bioset] 31 root [kblockd] 32 root [kworker/1:1] 33 root [rpciod] 34 root [kswapd0] 35 root [fsnotify_mark] 36 root [nfsiod] 42 root [kthrotld] 43 root [kworker/0:1] 44 root [VCHIQ-0] 45 root [VCHIQr-0] 46 root [VCHIQs-0] 47 root [iscsi_eh] 48 root [dwc_otg] 49 root [DWC Notificatio] 51 root [VCHIQka-0] 52 root [SMIO] 53 root [deferwq] 54 root [kworker/u8:2] 55 root [mmcqd/0] 56 root [kworker/0:1H] 57 root [ext4-rsv-conver] 58 root [kworker/1:1H] 59 root [kworker/1:2] 60 root [kworker/2:1] 69 root [kworker/2:1H] 71 root /sbin/syslogd -n 74 root /sbin/klogd -n 93 root [kworker/3:1] 145 root [kworker/0:2] 149 root -sh 153 root ps #
Hormis les threads du noyau (toutes les tâches avec des noms entre crochets), nous observons la présence de seulement cinq processus :
-
init
: le premier processus qui est chargé d’abord de l’initialisation du système depuis l’espace utilisateur et par la suite de « l’adoption » des processus dont les parents se terminent ;
-
syslogd
etklogd
: démons chargés de l’enregistrement des messages du système ;
sh
le shell sur lequel nous sommes connectés et la commandeps
elle-même.
Voilà un système dont le contenu est bien sous contrôle !
Affinement de la configuration
Nous pouvons faire une première série d’améliorations, afin d’obtenir un système un peu plus convivial, accueillant un autre utilisateur que root par exemple ou renforçant la partition principale contre les risques de coupures d’alimentation intempestives.
Configuration de Buildroot
[buildroot-2015.11]$ make menuconfig
- Menu
System configuration
:-
System hostname
: Choisissons un nom plus représentatif pour notre carte. Il apparaîtra par exemple dans l’invite de connexion, et nous l’afficherons également dans le prompt du shell. Nouvelle valeur :R-Pi
.
-
System banner
: Cette petite phrase s’affichera au démarrage avant la proposition de connexion ; on peut la personnaliser à volonté. Nouvelle valeur :Welcome on board!
-
Enable root login with password
: Si le système a la moindre chance de se retrouver connecté à Internet, il est préférable de désactiver cette option. En effet le compte root sera le premier visé par les attaques automatiques par force brute. Si cette option est désactivée, il faudra intégrer la commandesudo
afin de pouvoir réaliser les opérations d’administration. Sur un système expérimental, nous laissons la valeur originale :[*]
.
-
Root password
: De même, il est conseillé de choisir pour tous les comptes des mots de passe solides (longs, assez faciles à retenir mais difficiles à deviner). Pour cette démonstration prenons un mot de passe ridiculement simple. Nouvelle valeurroot
.
-
remount root filesystem read-write during boot
: Sur un système embarqué où l’alimentation peut être coupée à tout moment, il est conseillé de conserver le système de fichiers principal en lecture-seule. On le basculera en lecture-écriture temporairement pour des modifications de configuration par exemple. Nouvelle valeur :[ ]
-
Network interface to configure through DHCP
: Suivant la configuration, on utilisera ou non une configuration réseau par DHCP. Si tel est le cas, on indique ici le nom de l’interface Ethernet. Nouvelle valeur :eth0
.
-
Path to the users tables
: On indique ici le chemin d’accès pour un fichier contenant la liste des utilisateurs (voir plus loin). Nouvelle valeur :$(TOPDIR)/../board/raspberrypi2/users.cfg
.
Root filesystem overlay directories
: Le répertoire indiqué ici est l’origine d’une arborescence qui sera appliquée « par-dessus » le système de fichiers obtenu à l’issue des compilations et installations, avant de préparer l’image de sortie. Autrement dit notre arborescence va venir se superposer (remplaçant éventuellement des fichiers) à celle se trouvant dansoutput/target
avant de la stocker dansoutput/image/rootfs.tar
. Nous détaillerons plus loin ce qu’il faut ajouter dans cet overlay. Nouvelle valeur :$(TOPDIR)/../board/raspberrypi2/ovl
.
-
Table des utilisateurs
Nous avons rempli l’option Path to the users tables
avec le nom d’un fichier qui contient la liste des utilisateurs. Il doit y avoir un compte par ligne. Les champs, séparés par un espace, sont les suivants :
-
- login : identifiant de connexion du compte (sauf root).
-
- uid : numéro d’utilisateur.
-1
pour que l’attribution soit automatique.
- uid : numéro d’utilisateur.
-
- group : groupe principal de l’utilisateur. Généralement le même nom que le login, ou alors un groupe global pour tous les comptes, comme
users
.
- group : groupe principal de l’utilisateur. Généralement le même nom que le login, ou alors un groupe global pour tous les comptes, comme
-
- gid : numéro du groupe.
-1
pour une attribution automatique.
- gid : numéro du groupe.
-
- password : le mot de passe, en clair si précédé d’un ‘
=
‘, crypté sinon. Si le mot de passe est ‘!
‘, pas de connexion possible (compte utilisé pour un démon système par exemple).
- password : le mot de passe, en clair si précédé d’un ‘
-
- home : répertoire personnel (aucun si ‘
-
‘).
- home : répertoire personnel (aucun si ‘
-
- shell : le shell de connexion. Sur notre système minimal,
/bin/sh
est un shell ash inclus dans Busybox.
- shell : le shell de connexion. Sur notre système minimal,
-
- groups : ce champ contient la liste des groupes supplémentaires auxquels appartient l’utilisateur (
-1
si aucun).
- groups : ce champ contient la liste des groupes supplémentaires auxquels appartient l’utilisateur (
- gecos : des informations sur le compte, comme le nom en clair de l’utilisateur. Ce dernier champ peut contenir éventuellement des espaces.
Voici notre fichier ../board/raspberrypi2/users.cfg
:
rpi -1 rpi -1 =rpi /home/rpi /bin/sh - Raspberry Pi 2 user
Overlay
Comme indiqué plus haut nous nous créons une arborescence spécifique, contenant des fichiers qui viendront s’ajouter à ceux produits par Buildroot.
[buildroot-2015.11]$ mkdir -p ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/
Scripts supplémentaires
Le système de fichiers principal est monté en lecture seule. Mais il est parfois nécessaire de repasser temporairement en lecture-écriture. Pour cela j’ai l’habitude de créer deux petits scripts rw
et ro
qui remontent la racine du système de fichiers respectivement en lecture-écriture ou lecture seule. Pour que Buildroot puisse les intégrer automatiquement dans l’image qu’il produit, nous les plaçons dans l’arborescence overlay :
[buildroot-2015.11]$ nano ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/rw
Contenu du script rw
#! /bin/sh mount / -o rw,remount
[buildroot-2015.11]$ cp ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/rw ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/ro [buildroot-2015.11]$ nano ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/ro
Contenu du script ro
#! /bin/sh mount / -o ro,remount
[buildroot-2015.11]$ chmod +x ../board/raspberrypi2/ovl/usr/local/bin/*
Lançons la nouvelle compilation
[buildroot-2015.11]$ make
Nous ré-insérons la carte micro-SD dans le PC de développement.Seule la partition ROOT doit être modifiée.
[buildroot-2015.11]$ sudo rm -rf /media/cpb/ROOT/* [buildroot-2015.11]$ sudo tar xf output/images/rootfs.tar -C /media/cpb/ROOT/ [buildroot-2015.11]$ sudo umount /media/cpb/*
Après redémarrage du Raspberry Pi 2, vérifions la connexion avec l’identité root :
Welcome on board! R-Pi login: root Password: (root) #
Vérifions tout de suite si le système de fichiers est bien monté en lecture seulement.
# ls / bin etc lib linuxrc mnt proc run sys usr dev home lib32 media opt root sbin tmp var # echo hello > /test-file -sh: can't create /test-file: Read-only file system
Très bien. Vérifions qu’il soit possible de passer temporairement en lecture-écriture.
# rw -sh: rw: not found # /usr/local/bin/rw [ 287.714995] EXT4-fs (mmcblk0p2): warning: mounting unchecked fs, running e2fsck is recommended [ 287.725877] EXT4-fs (mmcblk0p2): re-mounted. Opts: (null) # echo hello > /test-file # ls / bin home linuxrc opt run test-file var dev lib media proc sbin tmp etc lib32 mnt root sys usr # rm /test-file # /usr/local/bin/ro [ 302.623095] EXT4-fs (mmcblk0p2): re-mounted. Opts: (null) # echo hello > /test-file -sh: can't create /test-file: Read-only file system # exit
Malgré un petit souci de PATH
qui ne permet pas d’invoquer directement rw
ou ro
, la protection du système est donc correcte. Vérifions l’accès en tant qu’utilisateur normal.
Welcome on board! R-Pi login: rpi Password: (rpi) $ pwd /home/rpi $ ls $ echo hello > my-file -sh: can't create my-file: Read-only file system $
Ici, un petit problème se pose. La partition « système » de notre Raspberry Pi est bien protégée contre les écritures, mais nous aimerions peut-être disposer de possibilités de stockage de données utilisateur. Pour cela il va falloir envisager l’ajout d’une partition supplémentaire montée en lecture-écriture
Nouvelles améliorations
Nous allons donc ajouter une nouvelle partition, formatée en vfat
, afin de contenir les données utilisateur. Comme j’en ai parlé dans cet article, le format vfat
est beaucoup plus simple que les traditionnels ext4
et consorts, mais il résiste bien à des coupures d’alimentations pendant une écriture.
Il faut indiquer la présence de cette partition dans le fichier /etc/fstab
. Nous allons copier le fichier original produit par Buildroot dans notre overlay et lui ajouter une dernière ligne.
[buildroot-2015.11]$ mkdir -p ../board/raspberrypi2/ovl/etc [buildroot-2015.11]$ cp output/target/etc/fstab ../board/raspberrypi2/ovl/etc/ [buildroot-2015.11]$ nano ../board/raspberrypi2/ovl/etc/fstab
Le fichier est modifié ainsi (dernière ligne ajoutée)
# /dev/root / ext2 rw,noauto 0 1 proc /proc proc defaults 0 0 devpts /dev/pts devpts defaults,gid=5,mode=620 0 0 tmpfs /dev/shm tmpfs mode=0777 0 0 tmpfs /tmp tmpfs mode=1777 0 0 tmpfs /run tmpfs mode=0755,nosuid,nodev 0 0 sysfs /sys sysfs defaults 0 0 /dev/mmcblk0p3 /home/rpi vfat defaults,uid=1000,gid=1000 0 0
Nous pouvons également ajouter dans l’overlay un fichier ../board/raspberrypi2/etc/profile.d/custom.sh
ajustant la configuration du PATH
et du prompt du shell.
[buildroot-2015.11]$ mkdir -p ../board/raspberrypi2/ovl/etc/profile.d/ [buildroot-2015.11]$ nano ../board/raspberrypi2/ovl/etc/profile.d/custom.sh
Contenu du fichier custom.sh
# Acces aux scripts personnels et code metier. PATH=$PATH:/usr/local/bin # Prompt indiquant nom d'hote et repertoire courant. PS1='\h[\W]\$ '
Recompilons notre système, et réinscrivons-le sur la carte SD en ajoutant une partition vfat de 1Go, destinée à recevoir les données utilisateur (applicatives).
[buildroot-2015.11]$ cp .config ../board/raspberrypi2/buildroot-03.cfg [buildroot-2015.11]$ make [...]
Lors du partitionnement, nous pouvons placer la partition 3 (celle des données utilisateur) avant la partition 2 (celle du système). Ceci permet de donner une taille fixe à la partition 3, tout en laissant la partition 2 occuper tout l’espace disque disponible.
[buildroot-2015.11]$ sudo fdisk /dev/sdc Commande (m pour l'aide) : n Partition type: p primary (0 primary, 0 extended, 4 free) e extended Select (default p): p Numéro de partition (1-4, 1 par défaut) : 1 Premier secteur (2048-7741439, 2048 par défaut) : (Entrée) Dernier secteur, +secteurs ou +taille{K,M,G} (2048-7741439, 7741439 par défaut) : +128M Commande (m pour l'aide) : t Numéro de partition (1-4): 1 Code Hexa (taper L pour lister les codes): C Commande (m pour l'aide) : n Partition type: p primary (1 primary, 0 extended, 3 free) e extended Select (default p): p Numéro de partition (1-4, 2 par défaut) : 3 Premier secteur (264192-7741439, 264192 par défaut) : (Entrée) Dernier secteur, +secteurs ou +taille{K,M,G} (264192-7741439, 7741439 par défaut) : +1G Commande (m pour l'aide) : t Numéro de partition (1-4): 3 Code Hexa (taper L pour lister les codes): C Commande (m pour l'aide) : n Partition type: p primary (2 primary, 0 extended, 2 free) e extended Select (default p): p Numéro de partition (1-4, 2 par défaut) : 2 Premier secteur (2361344-7741439, 2361344 par défaut) : (Entrée) Dernier secteur, +secteurs ou +taille{K,M,G} (2361344-7741439, 7741439 par défaut) : (Entrée) Commande (m pour l'aide) : a Numéro de partition (1-4): 1 Commande (m pour l'aide) : p Périphérique Amorçage Début Fin Blocs Id. Système /dev/sdc1 * 2048 264191 131072 c W95 FAT32 (LBA) /dev/sdc2 2361344 7741439 2690048 83 Linux /dev/sdc3 264192 2361343 1048576 c W95 FAT32 (LBA) Les entrées de la table de partitions ne sont pas dans l'ordre du disque Commande (m pour l'aide) : w
Formatage de toutes les partitions :
[buildroot-2015.11]$ sudo mkfs.vfat -n BOOT /dev/sdc1 [buildroot-2015.11]$ sudo mkfs.vfat -n DATA /dev/sdc3 [buildroot-2015.11]$ sudo mkfs.ext2 -L ROOT /dev/sdc2
Après retrait et réinsertion de la carte SD :
[buildroot-2015.11]$ sudo cp output/images/bcm2709-rpi-2-b.dtb /media/cpb/BOOT/ [buildroot-2015.11]$ sudo cp output/images/rpi-firmware/* /media/cpb/BOOT/ [buildroot-2015.11]$ sudo ./output/host/usr/bin/mkknlimg output/images/zImage /media/cpb/BOOT/zImage [buildroot-2015.11]$ sudo tar xf output/images/rootfs.tar -C /media/cpb/ROOT/
Nous devons toujours éditer le fichier cmdline.txt
de la partition BOOT
pour ajouter console=ttyAMA,115200
sur la première ligne. Nous verrons ultérieurement comment intégrer cela dans la configuration du noyau. J’ajoute également au passage un petit fichier sur la partition DATA
afin de vérifier que tout soit bien monté au démarrage.
[buildroot-2015.11]$ sudo nano /media/cpb/BOOT/cmdline.txt [...] [buildroot-2015.11]$ echo "Hello User !" > /media/cpb/DATA/file.txt [buildroot-2015.11]$ sudo umount /media/cpb/*
Au démarrage du Raspberry Pi 2, nous observons :
Welcome on board! R-Pi login: rpi Password: (rpi) R-Pi[~]$ ls file.txt R-Pi[~]$ cat file.txt Hello User ! R-Pi[~]$ echo $PATH /bin:/sbin:/usr/bin:/usr/sbin:/usr/local/bin R-Pi[~]$ echo Modification > file.txt R-Pi[~]$ cat file.txt Modification R-Pi[~]$ rm file.txt R-Pi[~]$ ls R-Pi[~]$
Nos modifications concernant le prompt du shell, le PATH
et le répertoire utilisateur en lecture-écriture ont bien été prises en compte.
Conclusion
Nous disposons ainsi d’un système Linux embarqué minimal assez personnalisé. Bien sûr nous sommes très loin d’un environnement de travail complet comme on peut l’obtenir avec une distribution précompilée comme Raspbian. Mais cela nous permet justement de maîtriser parfaitement le contenu de notre système.
La configuration ainsi établie (dont on peut télécharger ici les fichiers utilisés) nous permettra, dans de prochains articles, d’ajouter des applications et services standards (SSH, HTTP, NTP, etc.), d’ajuster le contenu du noyau, d’installer le bootloader U-Boot pour programmer des scripts de démarrage (et mise à jour) robustes, d’ajouter une application personnalisée (code métier) et même des modules kernel « maison ».